MAD Festival 2025 : textures brutes, layering intuitif et souffle d’audace

Cette année marquait ma première participation au MAD Festival en tant que styliste, et cette expérience a donné une nouvelle profondeur à mon regard sur l’événement. J’ai eu la chance d’assister l’une des designers qui présentait son défilé, ce qui m’a permis de vivre le festival depuis les coulisses et d’apprécier toute la complexité qu’implique la mise en place d’un événement de cette ampleur. Voir l’effervescence des préparatifs, les échanges entre équipes, les ajustements de dernière minute… m’a offert une perspective précieuse sur la mode en mouvement, loin du simple spectacle.

Une énergie collective et un public inspirant

Dès mon arrivée, j’ai été frappée par l’énergie collective qui animait le lieu : les visiteurs, les créateurs, les équipes… tout vibrait. Et il faut le dire, les gens étaient incroyablement stylés. Les silhouettes du public rivalisaient parfois avec celles des podiums : des jeux de layering audacieux, des textures inattendues, des accessoires assumés. L’ambiance ressemblait à un grand laboratoire vivant où chaque regard devenait une source d’inspiration.

Le layering intuitif comme fil conducteur

Le layering était d’ailleurs l’un des fils conducteurs de cette édition. Pas un layering artificiel, mais un layering intuitif, presque instinctif, où chaque superposition semblait évidente. Les pièces dialoguaient entre elles : des soies froissées effleurant des cotons bruts, des transparences délicates recouvrant des structures plus rigides, des patchworks de matières qui donnaient vie à des silhouettes en mouvement constant. Chaque pli, chaque contraste semblait porter une intention.

Textures brutes et authenticité des matières

Les textures occupaient aussi une place centrale. J’ai ressenti un véritable retour aux matières vraies : lin lavé, denim patiné, cuir souple, laine brute… Des tissus parfois recyclés, parfois travaillés dans leur état brut, qui assumaient pleinement leurs irrégularités. Cette recherche d’authenticité traduisait une envie profonde de reconnecter la mode à quelque chose de plus humain, de plus sensible.

Des coupes libres et déstructurées

J’ai également été marquée par la liberté des coupes. Les silhouettes se déconstruisent, s’émancipent des standards : des volumes disproportionnés côtoient des lignes fluides, des asymétries s’invitent pour troubler les équilibres, et les contrastes entre structure et souplesse s’affirment pleinement. On sent une volonté forte de dépasser les règles établies pour créer des vêtements qui racontent, plutôt qu’ils n’habillent.



Silhouettes déstructurées au MAD Festival 2025 - Photo Philippe Manh

Une atmosphère collective et inspirante

Mais au-delà des pièces, ce qui m’a le plus marquée, c’est l’atmosphère collective. Cette édition m’a donné l’impression d’assister à une conversation ouverte entre designers, stylistes, photographes et passionnés. Être témoin de cette effervescence créative, des inspirations qui circulent et des histoires qui se croisent, m’a profondément nourrie. Pour moi, cette première expérience au MAD Festival marque un tournant : elle m’inspire à explorer davantage la rencontre entre fragilité et radicalité dans mes propres projets et à pousser plus loin mes recherches autour de la matière, du geste et de la narration par le vêtement.




Rosemary Gosselin

Rosemary Gosselin est styliste éditoriale spécialisée en production créative et costume. Elle crée des univers visuels uniques, durables et authentiques, où chaque détail raconte une histoire.

https://www.rosemarygosselin.com
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